Bonjour à tous, Aujourd'hui, je vous présente des plantes indigènes bien de chez-nous. Vous verrez que nous pouvons être fiers qu'elles appartiennent à notre patrimoine floristique. Ceux qui sont moins intéressés par la botanique...
Lundi 7 mars 2016
Bonjour à tous,
Aujourd'hui, je vous présente des plantes indigènes bien de chez-nous. Vous verrez que nous pouvons être fiers qu'elles appartiennent à notre patrimoine floristique.
Ceux qui sont moins intéressés par la botanique, vous n'avez qu'à contempler les images pour admirer ces merveilles de la nature. L'une d'elles, le streptope hybride ne se rencontre pas souvent en nature.
Appuyé maintenant par toute une équipe d'amis experts qui me facilitent grandement la tâche, en me guidant et en validant mes textes, je suis capable d'écrire de façon plus approfondie sur nos plantes indigènes, un sujet qui me passionne maintenant autant que l'horticulture.
D'abord, je voudrais remercier la biologiste/botaniste Marie-André Zizka qui m'a proposé l'excursion botanique au parc national des Monts-Valin, le 28 juin 2015. Accompagnés du botaniste Camille Rousseau, nous avons pu herboriser sous un beau soleil radieux. J'ai pu bénéficier aussi de l'expérience de terrain et des notes de recherches de Marie-André sur les streptopes.
Je voudrais remercier aussi les botanistes suivants : Frédéric Coursol (identification, encouragement et révision), Jacques Ranger (identification, création du tableau sur les streptopes et révision), Gisèle Lamoureux (révision de la partie sur le streptope hybride), Camille Rousseau (révision) et Jean-Denis Brisson (traduction botanique de publications scientifiques de langue anglaise et révision). Vous verrez qu'en gang, on est efficace.
La semaine prochaine, je vais vous parler de la culture des graines germées et des jeunes pousses. Notre prochaine excursion botanique dans un mois nous amènera à Saint-Roch-des-Aulnaies.
Bonne lecture et bonne semaine à tous,
Rock et sa gang
Date : 7 mars 2016
Infolettre : 201600307
Je n'avais jamais entendu parler du streptope des montagnes (Streptopus oreopolus). Je connaissais le streptope à fleurs roses (Streptopus lanceolatus), mais ma connaissance du genre Streptopus se limitait à cette espèce. Aussi, quand mon amie Marie-Andrée Zizka m'a parlé d'un streptope rare aux fleurs rouge foncé et de la possibilité de l'observer au parc national des Monts-Valin au Saguenay, je n'ai pu m'empêcher de dire oui quand elle m'a proposé d'aller le voir. Marie-Andrée est une biologiste qui a travaillé à compléter l'inventaire floristique du site du parc national des Monts-Valin effectué en 1997 et 1998 par Robert Gauthier, alors conservateur de l'herbier Louis-Marie à l'Université Laval et Michelle Garneau, une botaniste qui était à ce moment attachée à l'Herbier Louis-Marie. Marie-Andrée a ajouté 55 plantes à l'inventaire entre 1999 et 2007, la période où elle y a travaillé.
Lupins le long de la route de la réserve faunique des Laurentides qui relie la région de Québec au Saguenay et au Lac-Saint-Jean, le 28 juin 2015.
Deux paysages panoramiques photographiés à partir du Pic-de-la-Hutte sur le Mont-Valin.
Au poste d'accueil, j'ai pu observer les spécimens d'herbier de Marie-Andrée dont celui du streptope des montagnes, collecté le 28 juin 1999, soit 16 ans, jour pour jour, avant notre excursion. J'étais fébrile auparavant de photographier cette plante rare, mais là j'étais très anxieux à l'idée que peut-être celle-ci ne serait pas en fleurs lors de mon passage. Ce n'est pas toujours évident d'arriver au bon moment.
Après s'être inscrits à l'accueil et avoir observé avec intérêt les spécimens d'herbier, nous avons pris l'auto pour nous rendre au Pic-de-la-Hutte. Arrivés à un petit stationnement, nous avons emprunté un sentier de marche. Les premiers spécimens observés furent des streptopes roses. Le paysage avait beaucoup changé depuis que Marie-Andrée avait quitté en 2007.
Je commençais à désespérer ... en silence. Tout à coup, à 12 h 15, l'heure indiquée sur ma photo, nous apercevons notre premier hybride aux fleurs rouges ... malheureusement sans fleurs. Je me disais pour me consoler : au moins, j'aurai pris en photo le feuillage de cette plante rare.
À 13 h, nous trouvons un plant en floraison. C'est l'apothéose. Mon rêve se réalise.
Streptopus x oreopolus Fernald 1906
Le streptope hybride des montagnes
Hybrid twisted-stalk
Lorsque le botaniste étasunien Fernald a décrit cette plante en avril 1906, elle n'était connue que dans une aire très limitée au Mont-Albert en Gaspésie, endroit où il avait découvert en 1905 les spécimens qui ont servi à sa description. Les plantes observées poussaient à une altitude de 1 000 m environ. Aujourd'hui, on sait qu'on peut trouver cette plante rare dans les forêts subalpines et les prairies des régions glaciales de Terre-Neuve, de l'est du Québec, du Maine et du New Hampshire. Au Québec, on peut rencontrer cette plante, au Mont-Albert bien entendu, mais aussi dans une sapinière de Charlevoix et au parc national des Monts-Valin.
Fernald a constaté rapidement et étrangement que sa nouvelle plante combinait beaucoup de traits communs avec les espèces parentales, amplexifolius et roseus (cette dernière aujourd'hui appelée correctement lanceolatus), mais comme il le souligne, la couleur rouge pourpre des pièces florales était vraiment distincte des deux autres. De plus, il notait que la tige de son streptope était glabre ou presque, entre autres, beaucoup moins pubescent que celle du streptope rose, mais beaucoup plus que l'autre parent, le streptope blanc. C'est pourquoi il a décrit cette plante comme une nouvelle espèce.
Les pédoncules du streptope hybride sont pubescents et les feuilles sont ciliées-denticulées.
Lors de nos recherches du streptope hybride des montagnes au parc national des Monts-Valin, les plants de streptopes roses était nombreux et en floraison. Ils partageaient l'espace avec le streptope hybride. La plupart des plants de streptopes hybrides étaient dépourvus de fleurs ou en bourgeons floraux, mais il y en avait suffisamment pour bien les observer. Nous n'avons observé qu'un plant de streptope à feuilles embrassantes, appelé aussi streptope blanc, qui était en fleurs lors de notre recherche. Il était plus en altitude que les autres. Le groupe était présent dans un secteur bien particulier du Pic-de-la-Hutte, assez proche du sommet.
Lorsque nous voyons les disparités temporelles de la floraison des streptopes impliqués dans l'hybridation, nous voyons tout de suite les problèmes d'hybridation. Cela explique aussi, peut-être, pourquoi l'hybride ne se rencontre que sur les hauts sommets des montagnes. En haute altitude, les floraisons se chevauchent plus qu'en région plus basse, parce les conditions favorables pour le développement d'une plante s'échelonnent sur une plus courte période, les enneigements étant longs et les gelées au sol, précoces. Le sol est aussi souvent de moins bonne qualité.
Ainsi, les pandas jouent avec la floraison des bambous. Comme le bambou meurt après la floraison, ils changent de zones, la floraison ne survenant pas au même moment dans les montagnes. De 1974 à 1976, une floraison simultanée inhabituelle a entrainé la mort d'au moins 138 pandas, faute de nourriture appropriée. Donc certaines années, les chances d'hybridation sont peut-être meilleures que d'autres.
La stature des streptopes hybrides était surprenante. La plupart étaient bien érigés et très solides, quand ils n'étaient pas en floraison. Lorsqu'ils portaient des fleurs, la partie supérieure des tiges était arquée. Leur taille m'a surpris, dépassant souvent le un mètre de hauteur. La vigueur des spécimens observés était aussi impressionnante.
Le streptope des montagnes donnerait des fruits rouge foncé. Cependant comme le mentionne mon amie Gisèle Lamoureux dans son livre Flore printanière, à la page 419, «peu de gens peuvent se vanter d'en avoir vu». D'ailleurs, Fernald faisait remarquer qu'il n'avait pas eu la chance de voir des fruits même s'il avait passé quatre semaines au Mont-Albert à les observer, jour après jour. Pourtant ses deux parents avaient produit une bonne quantité de fruits. Une année exceptionnelle ? Fernald avait pensé à la température sèche qui avait sévi durant l'été. Peut-être aussi que les insectes pollinisateurs auraient pu avoir été affectés par les conditions particulières de la saison. Mais alors comment expliquer que les deux autres espèces de streptopes avaient fructifié abondamment cette année là ?
J'ai discuté avec le systématicien Jean-Denis Brisson, un des rares docteurs en systématique au Canada et heureusement un de mes amis, au sujet de cette fructification déficiente. Quand il y a hybridation, il y a transfert de chromosomes. Le nombre de chromosomes (24) du streptope des montagnes est inférieur à la somme des chromosomes des espèces lanceolatus (16) et amplexifolius (32). Comme la somme des chromosomes des deux espèces parentales est de 48 et que le nombre de chromosomes du streptope hybride est de 24, il s'est perdu des transmissions de caractères. Celui de mise à fruit peut donc ne plus être là après le transfert des chromosomes ou ne pas être très fonctionnel, ce qui expliquerait la fructification déficiente chez le streptope hybride des montagnes.
Le taxon x oreopolus est reconnu aujourd'hui comme un hybride stérile entre Streptopus lanceolatus (Syn. Streptopus roseus) et Streptopus amplexifolius.
SOURCES :
FERNALD, M. L. The genus Streptopus in eastern America. Rhodora, Vol. 8, No. 88 (April, 1906), pp. 69-71.
FERNALD, M. L. Streptopus oreopolus a possible hybrid. Rhodora, Vol. 9, No. 102 (June, 1907), pp. 106-107.
LAMOUREUX, Gisèle. Flore printanière, Fleurbec éditeur, Saint-Henri-de-Lévis, 2002, pp. 418-420.
Le genre Streptopus appartient à la famille des Liliacées et comprend une dizaine d'espèces réparties dans les régions tempérées de l'hémisphère nord, en Amérique du Nord, dans le nord de l'Europe et en Asie.
Ce sont des plantes herbacées vivaces aux rhizomes rampants. Les feuilles sont ovales à lancéolées. Les fleurs pendantes sont généralement solitaires et sont dispersées le long des tiges. Leur périanthe (calice + corolle) est divisé en six découpures. Après la floraison, elles produisent des baies sphériques.
Streptopus amplexifolius (L.) DC. 1815 (Syn. Streptopus amplexifolius var. americanus Schult. & Schult.f. 1829)
Streptope à feuilles embrassantes, sceau-de-Salomon noueux, streptope amplexicaule, streptope blanc
Clasping-leaved twisted-stalk, clasping twisted-stalk, liverberry, white mandarin
Linné avait d’abord nommé cette plante Uvularia amplexifolia en 1753. Ella a fait ensuite l’objet de nombreuses dénominations scientifiques. Aujourd’hui, on reconnaît le nom scientifique que De Candolle lui a donné en 1815.
Cette plante herbacée vivace appartient à la famille des Liliacées. On la trouve dans les forêts de conifères riches et humides, sur les rochers humides des montagnes et sur les berges ombragées des petits ruisseaux de l’Amérique boréale (Canada et États-Unis), de l’Europe centrale et de l’Asie. Le streptope blanc pousse généralement à des altitudes variant entre 800 à 2 300 m (2 600 à 7 500 pi). Les spécimens photographiés et observés lors de mon excursion au parc national des Monts-Valin étaient situés entre 800 à 900 m (2 600 à 2 950 pi) d’altitude, car je n’étais pas loin du sommet du Pied-de-la-Hutte situé à environ 900 m (2 950 pi) d’altitude.
La tige du streptope blanc est glabre ou presque. Elle est feuillée jusqu’au sommet de la tige. Les feuilles du streptope blanc sont alternes, largement lancéolées et sont embrassantes ou amplexicaules en ce sens que la base des feuilles entoure la tige, ce qu’évoque d’ailleurs le nom de l’espèce. La base est échancrée en forme de cœur, et à première vue, elle semble traversée par la tige. Les feuilles mesurent de 5 à 14 cm (2 à 5¬½ po) de longueur. La marge des feuilles est généralement non ciliée, ou si elle présente des cils, ils sont très peu nombreux.
En juin et en juillet, cette plante de sous-bois donne des fleurs pendantes en forme de clochette, de couleurs jaunâtres à verdâtres, dont l’intérieur est rayé de rose foncé. Elles sont composées de six tépales étroits et arqués, soudés à leur base. Les anthères sont entières et le style est nettement trifide. Les fleurs apparaissent sur un long pédicelle très fin qui est d’abord parallèle à la feuille et qui se courbe à angle droit, habituellement au milieu de la feuille. De Candolle disait que le pédoncule était tordu. Au point de courbure, il se forme une pointe très courte. Le terme coudé définit bien aussi cette morphologie du pédicelle. La fleur est généralement solitaire, mais on voit aussi parfois un prolongement du pédicelle après la formation du coude, parallèle à la feuille et qui produit une deuxième fleur. La longueur du pédicelle, qui est glabre, atteint généralement la moitié de la longueur de la feuille. Des baies plutôt allongées (ellipsoïdes) rouge vif luisant ou jaune orange suivent la floraison.
Le plant, issu de rhizomes, peut atteindre entre 30 à 90 cm (1 à 3 pi) de hauteur. Le seul plant que j’ai pu observer atteignait au moins 1 m (3 pi) de hauteur.
En 2005, une maladie a été identifiée sur des plants de cette espèce en Alaska. Des taches et des stries vert jaunâtre apparaissaient sur les feuilles des plants affectés. Le nombre de plants atteints par ces symptômes étaient impressionnants. C’était la première fois qu’on a signalé qu’un organisme pathogène ait affecté des plantes du genre Streptopus. En espérant que cette maladie ne prospère pas en d’autres lieux et atteigne le Québec.
Notons la vigueur de cette espèce.
La fleur est généralement solitaire, mais on voit aussi parfois un prolongement
du pédicelle après la formation du coude, parallèle à la feuille et qui produit
une deuxième fleur.
La longueur du pédicelle atteint généralement la moitié de la longueur de la feuille.
Les feuilles du streptope blanc sont alternes, largement lancéolées et sont embrassantes ou amplexicaules en ce sens que la base des feuilles entoure la tige, ce qu’évoque d’ailleurs le nom de l’espèce. La base est échancrée en forme de cœur, et à première vue, elle semble traversée par la tige.
SOURCES :
Flora of North America. Family List, Vol. 26.
DE CANDOLLE. Organographie végétale, ou description raisonnée des organes des plantes, ..., 1827, p.270. «Feuille du Streptopus amplexifolius avec le pédoncule tordu au milieu et le jeune fruit.»
ROBERTSON, N. L. A newly described plant disease complex involving two distinct viruses in a native Alaskan Lily, Streptopus amplexifolius, Canadian Journal of Botany, Volum 83, Number 10, October 2005, pp. 1257-1267.
Streptopus lanceolatus (Aiton) Reveal 1993 (Syn. Streptopus roseus Michx. 1803)
Streptope rose
Eastern rose twisted-stalk, rose mandarin, rose twisted-stalk, rosy twisted-stalk, sessile-leaved twisted-stalk, simple-stemmed twisted-stalk
Le botaniste britannique William Townsend Aiton (1766-1849), des Jardins botaniques royaux de Kew, a d’abord nommé cette plante Uvularia lanceolata en 1789. En 1803, le botaniste et explorateur français André Michaux (1746-1802), dont les travaux botaniques ont grandement amélioré la connaissance des plantes de l’Amérique du Nord, lui a attribué le nom de Streptopus roseus qui s’est propagé jusqu’à nous, malgré le fait que près d’une vingtaine d’autres dénominations scientifiques (voir The Plant List) ont marqué l’histoire de cette plante. Michaux aurait observé ses spécimens en Caroline et au Canada. Malheureusement pour le botaniste français, son nom scientifique utilisé pendant près de 300 ans a été remplacé dernièrement par celui que James L. Reveal (1941-2015), un botaniste et un professeur émérite au Norton Brown Herbarium du Maryland, lui a donné en 1993, soit celui de Streptopus lanceolatus.
Le streptope rose est une plante herbacée vivace, à rhizome, qui appartient à la famille des Liliacées. Cette plante de taille moyenne se rencontre au nord-est de l’Amérique du Nord (Canada et États-Unis). Il est le plus petit des trois streptopes que l'on peut rencontrer dans nos forêts québécoises. Dans son habitat, on le trouve dans les forêts humides de conifères, dans les érablières, dans les forêts mixtes, à la lisière des forêts, sur les berges des cours d’eau ainsi que dans les prairies alpines. Ce streptope croît dans les régions alpines mais il peut aussi pousser sur les basses terres. Contrairement aux deux autres streptopes que l’on peut trouver au Québec, celui-ci n’est pas uniquement une plante de haute altitude. Cette plante de sous-bois tolère un large éventail de sol. Elle croît très lentement.
Sa tige verte est pubescente et plus ou moins arquée. Elle peut mesurer de 20 à 60 cm (8 à 24 po) de hauteur. Ses feuilles alternes, d’ovales à lancéolées, sont finement ciliées et dentées, mesurent de 5 à 9 cm (2 à 3¬½ po) de longueur. Leur pointe est allongée et effilée. À demi-amplexicaule, elles n’entourent que très légèrement la tige. Des poils fins poussent sur la bordure des feuilles et des pédicelles. Le pédicelle est filiforme et arqué en son milieu. C’est d’ailleurs ce qui distingue le streptope rose du streptope à feuilles embrassantes.
En juin et en juillet, le streptope rose donne des fleurs en forme de clochette, blanches ou jaune pâle, rayées ou tachées de rose pâle à rose pourpre. Elles garnissent la tige et sont suspendues sous le feuillage. Elles peuvent être solitaires ou en paire. Le périanthe est divisé en six tépales plutôt étalés que recourbés comme le streptope à feuilles embrassantes et le streptope hybride. Le style est entier et les anthères sont bifides. Les fleurs mesurent environ 1 cm (½ po) de diamètre. Les pédicelles sont pubescents.
Les fleurs sont suivies par des baies rouges globuleuses ou subglobuleuses. Les informations relatives au niveau de la toxicité ou non des fruits ne sont pas claires. Certaines sources indiquent que le plant et les baies seraient toxiques. Seules les jeunes pousses seraient comestibles. D'autres informations, émanant de sources plutôt régionales, indiquent que les fruits sont comestibles, crus ou cuits dans les soupes et les ragoûts. Ils seraient juteux et auraient un goût de concombre. Les fruits auraient un effet purgatif si on en consomme une grande quantité.
L’apparence générale du streptope rose ressemble à celle du sceau-de-Salomon pubescent (Polygonatum pubescens). Ces deux plantes se rencontrent souvent dans le même habitat. Il suffit cependant d’observer les fleurs pour les distinguer : celles du sceau-de-Salomon sont plutôt verdâtres alors que celles du streptope rose sont rosées.
Sa tige verte est duveteuse et plus ou moins arquée. Des poils fins poussent sur la
bordure des feuilles et des pédicelles. En juin et en juillet, le streptope rose donne des fleurs
en forme de clochette, blanches ou jaune pâle, rayées ou tachées de rose pâle à rose pourpre.
Sans la biologiste et amie Marie-André Zizka, je n’aurais jamais pu comprendre comme aujourd’hui l’univers des streptopes au Québec. Merci encore Marie. Regardez la hauteur des streptopes au parc national des Monts-Valin. Nous marchions sur le sol comme sur des œufs pour perturber le moins possible l’environnement paisible de ce lieu. Nous étions ici peut-être à 3 m (10 pi) du sentier.
Streptopus amplexifolius Le streptope à feuilles embrassantes ou streptope blanc |
Streptopus lanceolat Le streptope rose |
Streptopus x oreopolus Le streptope hybride |
Espèce | Espèce | Hybride entre le streptope blanc et le streptope rose |
Nombre de chromosomes de 32 | Nombre de chromosomes de 16 | Nombre de chromosomes de 24 |
Altitude : 0 - 2 800 m | Altitude : 50 - 2 000 m | À partir de 700 m (Parc national des Monts-Valin) |
Tige glabre ou presque (pratiquement sans poils) | Tige pubescente (poilue) | Tige glabre ou presque (poils peu abondants sur la tige) |
Feuille embrassante (presque perfoliée) | Feuille sessile | Feuille sessile |
Marge de la feuille non ciliée (0-6 cils/cm) |
Feuille finement ciliée (30-50 cils/cm) |
Feuille ciliée (feuilles bordées de quelques cils courts moins abondants que chez le streptope rose) (22-40 cils/cm) |
L'envers de la feuille est blanchâtre | L'envers de la feuille est vert | L'envers de la feuille est plus pâle que celle du streptope rose |
Pédicelle glabre (sans poils) | Pédicelle pubescent (poilu) | Pédicelle peu poilu |
Queue des fleurs et des fruits coudée | Queue des fleurs et des fruits courbée, au lieu de coudée | Queue des fleurs et des fruits coudée ou arquée sur le même individu |
Fleur blanche très ouverte (tépale recourbé vers l'extérieur) | Fleur rose ou rose tachetée de pourpre peu ouverte | Fleur pourpre très ouverte (bouton floral blanchâtre) |
Style nettement trifide | Style entier ou subentier | Style trifide |
Anthère entière | Anthère bifide | Anthère entière |
Fruit orange et plutôt allongé (ellipsoïde) | Fruit rouge globuleux ou subglobuleux | Fruit avorté, sec et petit (1 mm) |
Hauteur de 30 à 90 cm | Hauteur de 20 à 60 cm | Hauteur de 1 m et plus |
Note : L'idée de ce tableau a été initiée par le botaniste Jacques Ranger qui a aussi proposé certaines données. Plusieurs autres informations ont été tirées des notes de Marie-Andrée lors de ses travaux au parc national des Monts-Valin. Enfin quelques notions proviennent de mes recherches personnelles, comme sur Flora of North America.
Le genre Vaccinium comprend environ 400 espèces d’arbustes ou de petits arbres dans le monde. Environ les deux tiers se trouvent en Malaisie, 70 dans l’Asie du Sud-Est, 19 au Japon, peut-être 5 dans la région du Pacifique, 5 en Afrique, 6 en Europe, 25 en Amérique du Sud et enfin 26 en Amérique du Nord. Plusieurs espèces de l’Amérique du Nord donnent des fruits savoureux.
Ce sont des plantes terrestres ou épiphytes que l’on trouve généralement sur des sols acides, sablonneux, tourbeux ou organiques, dans des endroits perturbés ou ouverts.
Source particulière : VANDER KLOET, S.P. The genus Vaccinium in North America. Agriculture Canada, Publication 1828, 1988, pp. 1-2
Vaccinium uliginosum L. 1753 (Syn. Vaccinium gaultherioides Bigelow 1816)
L'airelle des marécages, l'airelle des marais, le bleuet traînard, la myrtille de loup
Bog bilberry, alpine bilberry, bog blue berry, tundra bilberry
L’airelle des marécages est un petit arbuste au feuillage caduc de la famille des Éricacées. Cette espèce se rencontre en Asie tempérée, en Europe, au Canada et aux États-Unis. Elle pousse sur le haut des montagnes, sur les pentes rocheuses, sur des toundras de basses-terres et dans les tourbières où elle forme souvent des colonies. Ce bleuet mesure à peine 15 à 70 cm de hauteur. Ses tiges sont rondes et grisâtres. Ses feuilles vert bleuté au bout arrondi, sont vertes en dessous. En mai et en juin, cet arbuste produit des fleurs blanche à rougeâtre, en passant par le rose. Les quatre pétales soudés de la fleur prennent la forme d'une cloche. Les baies produites après la floraison deviennent bleu noirâtre en mûrissant.
Neuf taxons botaniques de bleuets sont identifiés au parc national des Monts-Valin. D'ailleurs, on se vante là-bas d'avoir «neuf bleuets pour une tarte».
Rhododendron groenlandicum (Oeder) Kron & Judd 1990 (Syn. Ledum groenlandicum Oeder 1771 le basionyme)
Thé du Labrador, lédon du Groenland, thé velouté
Common Labrador tea, bog Labrador tea, Greenland Labrador tea, Labrador tea
Environ 1 000 espèces ont été décrites dans le genre Rhododendron. Elles se rencontrent, des régions arctiques aux régions montagneuses tropicales, en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Australie. Le centre de diversité principal se situe dans les montagnes du sud de la Chine et le long de ses frontières avoisinantes, avec un second centre en Nouvelle-Guinée et enfin un troisième centre de diversité dans l'est de l'Amérique du Nord.
En 1990, notre arbuste indigène, bien connu sous le nom scientifique de Ledum groenlandicum, rejoignait ce genre à suite de la publication de l'article Phylogenetic Relationships within the Rhodorae (Ericaceae) with Specific Comments on the Placement of Ledum, des botanistes de l'Université de Floride, Kathleen A. Kron et Walter S Judd. La systématique phylogénétique classe des groupes appelés clades avec un ancêtre commun. Appliquées au genre Ledum, les analyses de Kron et de Judd ont établi que ce genre était clairement lié au sous-genre Rhododendron qui regroupe des rhododendrons qui ont des écailles et à sa sous-section Edgeworthia avec des caractéristiques communes comme un indumentum (duvet) relativement épais, des nouvelles tiges densément couvertes de poils et des feuilles dont les bords sont repliés vers l'extérieur et en dessous (révolutées).
Kron et Judd ont donc appuyé la conclusion du botaniste étasunien Herbert Faulkner Copeland (1902-1968) qui avait conclu dans son étude publiée en 1943 que les genres Ledum et Rhododendron étaient congénériques, c'est-à-dire qu'ils avaient été engendrés sous le même ancêtre, appartenant ainsi au même genre taxinomique. Les caractères distinctifs des membres du genre Ledum proviendraient de leurs adaptations aux habitats boréaux occupés par ces arbustes. Malgré ces caractères dérivés (autapomorphie), les membres associés autrefois au genre Ledum possèdent assez de caractères morphologiques communs aux rhododendrons pour être rattachés au sous-genre Rhododendron.
Le rhododendron du Groenland est un arbuste à feuilles persistantes appartenant à la famille des Éricacées. Il est présent presque partout au Canada et dans des États du nord des États-Unis. Il pousse à l’ombre ou au soleil dans la toundra, dans les tourbières, sur les berges des lacs et des marécages ainsi que dans les sous-bois de conifères comme des sites dominés par l’épinette noire. Il affectionne les endroits ouverts, humides et acides. C’est un arbuste de taille moyenne qui peut mesurer entre 30 à 120 cm (1 à 4 pi) de hauteur.
Les feuilles mesurent de 2,5 à 5,5 cm (1 à 2¼ po) de longueur. Lorsqu’elles sont âgées de deux ans, elles sont persistantes. Du duvet couvre le dessous des feuilles : il est blanc la première année et cuivré l’année suivante. Les rebords du limbe, donc de la feuille, sont enroulés. Les feuilles du rhododendron du Groenland sont déjà révolutées dans le bourgeon.
La floraison du rhododendron du Groenland survient au milieu du printemps et donne des ombelles terminales de 10 à 40 fleurs blanc crème. La floraison peut s’échelonner jusqu’au milieu de l’été. Les fleurs, composées de cinq pétales ovales, mesurent environ 1 cm (1/3 po) de diamètre.
Source particulière :
KRON, Kathleen A. et JUDD, Walter S. Phylogenetic Relationships within the Rhodorae (Ericaceae) with Specific Comments on the Placement of Ledum. Systematic Botany, January 1990, Volume 15, pp 66-67.
KRON, Kathleen A. et JUDD, Walter S. Rhododendron. Flora of North America, Vol. 8, pages 371, 372, 374, 375, 451, 453, 455 et 456.
Cypripedium acaule Aiton 1789
Cypripède acaule, cypripède rose, sabot de la Vierge
Pink lady’s-slipper, moccasin flower, pink moccasin flower, small pink lady’s-slipper
La famille des Orchidacées regroupe au moins vingt-cinq mille espèces, appartenant à environ 850 genres, dont le genre Cypripedium.
Récemment, une analyse moléculaire a été effectuée sur 56 taxons du genre Cypripedium, par des botanistes chinois, japonais, taïwanais, étasuniens et mexicains. Dans leur rapport, publié en 2011, le caractère monophylétique du genre Cypripedium a été confirmé. Il inclut donc un ancêtre et tous ses descendants.
Ce genre, créé par Linné en 1753, compte environ 50 espèces de plantes terrestres qui vivent dans les boisés et les prairies, à partir du niveau de la mer jusqu'à un niveau de moyenne montagne. Les espèces sont largement répandues à travers les zones subtropicales à tempérées de l'hémisphère nord, excluant l'Afrique du Nord. Le genre Cypripedium a deux centres de diversité : l'Asie de l'Est et l'Amérique du Nord. Au moins 38 espèces proviennent des régions de l'Asie de l'Est avec environ 30 espèces originaires du sud-ouest de la Chine. L'Amérique du Nord, comprenant le Mexique, est le second centre de diversité et le plus petit. Il compte environ 16 espèces.
Le représentant du genre Cypripedium, qui est probablement le plus connu au Québec, est le cypripède acaule (Cypripedium acaule). C'est aussi la plus répandue de nos orchidées. On doit la première description de ce chef-d’œuvre de la nature au médecin et botaniste français Jacques Cornuti (1606-1651). En 1635, celui-ci l'a décrit dans son œuvre Canadensium Plantarum Historia qui traitait 79 espèces canadiennes.
Cette plante s'est vu attribuer plusieurs noms communs. Les Amérindiens, trouvant que sa fleur ressemblait à leurs mocassins fabriqués à partir de peau d'orignal, l'appelaient la fleur mocassin. Nos ancêtres très pieux lui ont donné le nom de sabot de la Vierge, en souvenir de la Madone. Le nom vernaculaire de sabot de Vénus provient de la signification du nom latin du genre.
Le cypripède acaule est une plante herbacée vivace présente au Canada et aux États-Unis. On le rencontre dans un grand nombre d'habitats, surtout si le sol est acide : dans les sous-bois de conifères, dans les tourbières, dans les marécages ainsi que sur les rochers granitiques.
Le plant produit d'abord deux feuilles basales qui poussent directement à partir de son rhizome. Une hampe florale élancée surgit à la floraison qui survient en juin. Sa fleur peut être rose, nuancée de magenta, rose pâle et même blanche. Un des trois pétales forme comme un petit ballon qui évoque un petit sabot. Elle mesure environ 8 à 10 cm (3 à 4 po) de diamètre. Le cypripède acaule mesure de 30 à 45 cm (12 à 18 po) de hauteur. Cette plante pousse plutôt de façon éparse. Elle est de croissance lente. Elle est même obligée d'utiliser des champignons microscopiques pour assurer son développement.
Parmi les fleurs sauvages, c'est une véritable merveille.
Source particulière :
LI, J.-h et al. Molecular phylogeny of Cypredium (Orchidaceae : Cypripedioideae) inferred from multiple nuclear and chloroplast regions. Phylogenet. Evol. (2011), doi : 10.1016/j.ympev.2011.06.006.
De gauche à droite : Camille Rousseau, Marie-André Zizka et l'auteur de ces lignes près du lac des Pionniers au parc national des Monts-Valin.
Note : Les photographies des plantes qui ont fait l’objet de cette infolettre sont ou seront disponibles sous peu sur le site : www.millettephotosdeplantes.com.
Au plaisir !!!!!! Enjoy !!!!!!!!
Rock Giguère
2016-03-07